Santé Anesthésie sous hypnose à Colmar

Depuis près de 15 ans, l’hypnose est utilisée à tous les niveaux d’intervention au Pôle femme mère enfant de Colmar. Dans certains cas, elle permet d’éviter l’anesthésie générale chez l’enfant. Mais la plupart du temps, elle est utilisée comme outil de gestion du stress. Reportage un jour d’opération avec Louis, Younès, Eliott et leurs parents.
Textes : Marie-Lise Perrin Photos : Vanessa Meyer - 10 avr. 2018 à 05:00 | mis à jour le 10 avr. 2018 à 11:33 - Temps de lecture :
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Un lundi après-midi au service d’anesthésie de Pasteur 2, Sylvie (*) est nerveuse. Son petit Eliott, 8 mois, va se faire opérer pour la première fois, dans dix jours : « Je suis terrorisée par l’anesthésie… J’ai peur qu’il ne se réveille pas ! » Eliott va en effet vivre sa première anesthésie générale, comme tous les autres enfants présents dans la salle d’attente d’Imelda Haehnel-Schwartz, médecin anesthésiste aux Hôpitaux civils de Colmar (HCC). C’est la règle en pédiatrie : même pour une intervention bénigne, les enfants sont complètement endormis, par mesure de sécurité. À Colmar, pourtant, il est possible dans certains cas d’éviter l’anesthésie générale grâce à l’utilisation de l’hypnose (lire ci-contre). Dans son bureau coloré et parsemé de jouets pour enfants, Imelda Haehnel-Schwartz connaît les craintes des parents concernant l’anesthésie et utilise, dès le premier rendez-vous, des techniques hypnotiques pour les rassurer.

Des mots doux

Elle mène son interrogatoire de routine comme une conversation, adaptant les questions à chacun des patients. À Louis, 10 ans, elle demande de choisir le goût du « gaz magique » (une vapeur anesthésiante) qui va l’aider à s’endormir. Ce sera « spaghetti bolognaise »  ! À ce stade de la prise en charge, c’est par le choix des mots que l’hypnose, dite conversationnelle, est introduite. « Au lieu de dire opérer, qui fait penser tout de suite à un bistouri qui coupe, on dit soigner, un mot plus doux, qui veut dire la même chose. J’ajoute bien soigner car cela rassure sans être obligé d’expliquer que ça va bien se passer. » Dans le même ordre d’idées, la perfusion, qui prend le relais du masque pendant l’opération, devient une « fontaine à médicaments ». Des techniques découvertes il y a 15 ans maintenant par le docteur Schwartz auprès de l’anesthésiste belge Marie-Elisabeth Faymonville, qui dirige le Centre de la douleur de Liège. L’hypnose a depuis fait boule de neige au sein du personnel du Parc, l’ancien pôle femme mère enfant de Colmar devenu Pasteur 2 en novembre dernier.

« Halluciner » une odeur

Dix jours plus tard, un vendredi matin au bloc opératoire de Pasteur 2. Imelda Haehnel-Schwartz se prépare à endormir les patients qu’elle a rencon-trés il y a dix jours. Ce jour-là, il n’y a pas d’anesthésie locale au programme. Tous les enfants seront endormis. Louis, qui faisait le pitre dans le bureau de l’anesthésiste, n’en mène pas large ce matin. « Il n’a pas réussi à s’endormir hier soir… » , confie sa mère, restée à l’accueil de jour.

Dans la salle d’opération du pôle médico-technique de Pasteur 2, Imelda Haehnel-Schwartz s’apprête à utiliser l’hypnose pour que Louis « hallucine » l’odeur de spaghetti bolognaise qu’il aime tant. Le but : faire oublier au garçon l’odeur peu agréable du Sevorane, la vapeur anesthésiante qui permettra d’endormir l’enfant au masque. « Tu es dans la cuisine, avec ta maman, et on coupe les oignons », raconte le docteur Schwartz, tandis que les infirmières de bloc opératoire (Ibode) préparent les instruments chirurgicaux, en prévision de l’arrivée du docteur Geiss, qui opérera Louis. « Il s’agit d’une induction hypnotique, décode Imelda Haehnel-Schwartz. J e lui propose de se dissocier, de se retrouver dans la cuisine, avec sa maman, pour préparer la sauce bolognaise. Quand on commencera à envoyer le Sevorane dans le masque, pour lui, ce sera l’odeur de la sauce bolognaise. » Au réveil, Louis est en effet tout étonné d’apprendre qu’il n’a respiré que du gaz anesthésiant. Pour lui, l’odeur de la sauce bolognaise était bien réelle.

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Unique dans le Haut-Rhin

« L’hypnose n’est pas une technique d’anesthésie, mais elle permet de relâcher l’enfant » , estime le docteur Stephan Geiss. Son service de chirurgie pédiatrique est le seul dans le Haut-Rhin à pouvoir, grâce à l’hypnose, opérer des enfants sous anesthésie locale simple, « surtout pour de la chirurgie cutanée ». Cette technique, qui mériterait d’être étendue, bute principalement sur « le temps et l’argent. Car l’hypnose est chronophage, il faut au moins 45 minutes pour préparer l’enfant alors que je mets dix minutes à faire une anesthésie locale » , calcule le docteur Geiss. Créé en 1992, son service a réalisé environ 1 350 opérations en 2017.

(*) Le prénom a été changé.

SURFER Revivez l’opération de Louis en consultant le diaposon disponible sur notre site internet : www.lalsace.fr